Opuwo et la rencontre des Himbas

- « Regarde Alice, des femmes himbas! » s'exclame Tom dans les rayons du supermarché d'Opuwo.

Difficile de ne pas les regarder, elles sont partout ici, grandes, majestueuses avec leur coiffe et leur tenue traditionnelle, et souvent avec un bébé dans le dos. Alice est aux anges, depuis le temps qu'elle en a entendu parler, elle va enfin pouvoir les rencontrer.

Elisabeth, rencontrée sur le parking du supermarché, est un personnage. Elle a mon âge, (38 ans) mais une vie déjà bien remplie. Mariée très jeune, elle a eu son premier enfant vers 15 ans et un total de ... 11 enfants! Bien que ne portant plus l'habit himba, elle va nous servir de guide dans son village. Nous faisons ensemble les les achats de provisions pour le village (sacs de farine, de sucre, pain, biscuits...), puis nous embarquons notre corpulente matrone à l'avant du 4x4, pendant que je me tasse à l'arrière avec les enfants.

Alice raconte la suite:

« Nous sommes allés rendre visite au village de Ohungomore, à 15 kms d'Opuwo. Nos aventures ont commencé quand nous avons pris en stop une jeune femme himba, couverte d'ocre de la tête aux pieds 

Quand nous sommes arrivés au village, nous avons tout de suite été présentés à la femme du chef, (les hommes étant tous partis avec le troupeau de vaches,faire leurs trente kilomètres pour chercher de l'eau) puis nous avons interviewé des enfants sur leur mode de vie. Après avoir chanté et montré quelques jeux de mains avec Tom, notre guide nous a initié aux cultures locales en nous montrant le « frigo », une hutte couverte de bouse de vache, et le feu des ancêtres. Ensuite, nous avons été invités dans la hutte du chef et après une tournée de lait caillé, on m'a demandé de me déshabiller. 10 minutes plus tard, j'étais une vraie jeune fille himba, couverte d'ocre moi aussi. »

Nous apprenons par Elisabeth que les femmes himbas se marient souvent jeunes (quelquefois moins de 15 ans) et que leurs habits et leurs cheveux changent en fonction de leur âge: tressés en nattes sur le devant quand elles sont pré-pubères, elles se font des nattes, et portent une lourde ceinture quand elles deviennent femmes. On leur enlève aussi les quatre incisives de devant pour qu'elles ressemblent davantage....à une vache! Et oui, là bas, le bétail est une source de richesse et les femmes admirent beaucoup cet animal. D'ailleurs les femmes hereros ont une coiffe qui imite les cornes des vaches!

Pour l'anecdote, on a passé les quelques heures suivantes à enlever l'herbe à piquants qui s'était accrochée à nos chaussures, l'ocre sur nos peaux et nos vêtements et le lait caillé qui avait coulé dans la voiture, autant de souvenirs d'une visite pas comme les autres qui restera longtemps dans nos mémoires. On leur a aussi acheté des bracelets en corne de ....vache, bien sûr!

Que deviendront les himbas dans 10, 15 ans? Depuis 15 ans, Jackie, l'ancien gérant de notre camping, a vu les choses évoluerr: la disparition des animaux sauvages, l'arrivée de la route, de l'électricité , du téléphone et des commerces ont entrainé des changements importants dans la vie des Himbas, qui se sont ouverts au tourisme. Il est malheureusement probable que les traditions finissent pas disparaitre au nom de la “modernité”.

Les chutes d'Epupa à la frontière angolaise

Trois heures de route plus au Nord nous font apercevoir d'autres villages caractéristiques des Himbas, avec des huttes rondes parfois entourées de branches pour repousser des éventuels animaux. Les obstacles ne manquent pas, entre les troupeaux de chèvres et de vaches qui traversent inopinément, et les passages à gués un peu raide, les gens qui nous arrêtent sur la route mais dont on ne comprend pas vraiment ce qu'ils veulent....Le Kaokoland est très vert dans cette partie et beaucoup plus montagneux, avec des spécimens d'arbres étonnants.

La rivière Kunene marque la frontière avec l'Angola, c'est un oasis de verdure dans les palmiers, où se nichent des campings confortables, encore tenus par des blancs (d'origine allemande). Il fait chaud, au moins 35°c sans vent. Nous y restons une journée complète, à profiter de la piscine et des balades autour de la rivière (le matin quand il fait encore frais) dans l'espoir d'apercevoir les fameux crocodiles...mais en vain! La fin de l'après-midi, quand le soleil décline enfin, les couleurs sur les chutes d'Epupa sont incroyables, avec des arbres gigantesques, des palmiers et un côté vraiment sauvage (côté angolais) encore peu exploité.

Au programme de la semaine, la redescente plus au sud vers le parc d'Etosha, pour essayer de voir enfin les « big five »: buffles, lions, éléphants, rhinos et léopards.