Après trois semaines passés au Laos, nous ne sommes pas mécontents de changer de pays car nous aimons l'attrait de la nouveauté.

L'arrivée à Siem Reap en avion fait illusion: aéroport tout neuf, taxi américain, hôtels type « las Vegas ». Les enfants se prennent à rêver d'un tourisme de luxe. Hors budget, hélas! Ce n'est le Cambodge que l'on s'imagine, a priori.

Le contraste est d'autant plus saisissant avec les villages flottants du Tonle Sap, le plus grand lac du sud est asiatique, à proximité de Siem Reap. Cette grande surface d'eau douce, qui fait vivre plus d'un million de personnes, fonctionne comme un coeur, multipliant par quatre sa superficie pendant la mousson. Les villageois vivent sur l'eau, comme le témoignent le gymnase, l'école, l'église et les maisons flottantes. La promenade en bateau serait charmante s'il n'y avait pas ce voyeurisme assez dérangeant du touriste riche qui vient les photographier en permanence, jusque dans leur maison. Quel mode de vie dépaysant pour nous! En cette saison, l'eau est boueuse et le niveau bas, nous sommes frappés par les déchets laissés sur les rives, qui n'incitent pas à la baignade, et n'ont pas l'air de déranger outre mesure les habitants.

La cité d'Angkor, qui signifie « la capitale » en khmer a connu ses années de gloire entre le Xe siècle et le XIVe siècle.

« A la vue de ce temple, l'esprit se sent écrasé, l'imagination surpassée ; on regarde, on admire, et, saisi de respect, on reste silencieux ; car où trouver des paroles pour louer une oeuvre architecturale qui n'a peut-être pas, qui n'a peut-être jamais eu son équivalent sur le globe. » . Cette phrase , c'est Henri Mouhot, qui l'écrit en 1859 après avoir été le premier occidental à « découvrir » ce site.

L'essentiel des constructions, d'inspiration hindoue et bouddhiste, s'est faite au XIIe siècle sous le roi Jayavarman VII.

Nous passons deux jours à en découvrir ses trésors, c'est le minimum compte-tenu du nombres de temples. Nous sommes véhiculés par Sari, un jeune chauffeur de moto-taxi qui est tout content d'être employé pour la journée. On se croirait dans une calèche dit Tom. Malgré ses milliers de touristes, la cité ne nous déçoit pas: le site est beaucoup plus étendu que nous ne pensions, et les temples noyés dans la végétation sont vraiment époustouflants. Cela nous fait quelquefois penser à des pyramides égyptiennes, à cause des bas reliefs guerriers, ou à des temples mayas à cause de la végétation.

De 11 - Cambodge

Tom est surtout impressionné par les immenses fromagers (vous ne saviez pas que les arbres produisent du fromage?!) et banians qui écrasent les murs et les toits en pierre de leurs racines.

La piscine de l'hôtel Earthwalkers vient idéalement nous détendre après la sueur occasionnée par la visite et nous retrouvons la famille Pouliquen rencontrée au Laos. Nous visitons aussi le marché de nuit et l'école chantier des artisans, financé par la France, qui enseigne aux jeunes cambodgiens le tissage, la peinture sur soie, la sculpture sur bois et sur pierre. Alice et Tom les regardent faire avec intérêt.

Ce qui change au Cambodge. Nous devons nous adapter à une autre langue et une autre monnaie: ici on dit « sousadei » pour dire bonjour et la monnaie utilisée est le riel ainsi que le dollar américain. Les spécialités culinaires changent aussi, nous goûtons à « l'amok », sauce au poisson et à la noix de coco. Les Cambodgiens nous étonnent car leur anglais est bien meilleur qu'au Laos ou même en Thailande.

Comme au Laos, les enfants travaillent, mais cette fois ci ils sont plus directement en contact avec les touristes: vendeurs de guides, de livres, de babioles, d'ananas...nous les voyons partout depuis que nous sommes au Cambodge, et nous n'avons jamais autant sollicités qu'à Angkor. Il y a aussi de nombreux mutilés qui viennent nous rappeler le triste record du pays en terme de mines antipersonnelles.

Une population encore traumatisée. .Au Laos, les freins au développement étaient l'emprise du communisme et le poids de ses puissants voisins(Chine, Thailande, Viet nam). Au Cambodge, la situation est encore différente. Traumatisé par le régime des Khmers rouges entre 1975 et 1979 qui élimina plus de 30% de sa population, ce pays se remet à peine de la guerre civile qui a suivi et qui s'est finie il y a seulement 10 ans. .