C’est dur de quitter l’Argentine. Nous y avons passé un mois en traversant des régions arides (Salta), tropicales (Iguazu), tempérées (Buenos Aires), maritimes (Valdès) et enfin montagneuses (Bariloche); que d’images dans les yeux! En plus nous avons quitté un Bariloche ensoleillé pour passer de l’autre côté des Andes sous les nuages. Le col qui constitue la frontière est néanmoins superbe: bordé de grands arbres sous une dizaine de centimètres de neige.
Nous sommes donc au Chili. En descendant des Andes, la route qui nous mène à Puerto Varas est très verte et bordée de prés, où paissent de bonnes vaches laitières. Cela nous fait bien sûr penser à la Normandie! « on arrive chez Mamie Arlette », s’écrie Tom. « Non, regarde, il n’y a pas de volcans en Normandie !». En effet, au loin, nous apercevons les cônes de volcans enneigés, nous faisant penser au Fujiyama du japon. Ce soir, nous dormons à Puerto Varas, une petite bourgade au bord du lac Llanquihue (l’un des plus grands d’Amérique du Sud) avec une vue hélas nuageuse sur les volcans Osorno et Calbuco.
Nous logeons à l’auberge, « Le Margouya », tenu par un français, Nicolas, d’origine de Nîmes; l’endroit est sympa. Anne se jette sur les magazine d’aventures en français, pendant qu’Alice et Marcellin se disputent une partie d’échec sur un grand jeu en bois. En ville, on ressent fortement l’influence de l’immigration allemande et centre-européenne.
C’est le cas notamment de l’architecture des maisons, dont les façades sont recouvertes de «tejuela», c’est à dire de minces, étroits et longs bandeaux en bois de mélèze que l’on assemble en les faisant se chevaucher afin de ne pas laisser passer la pluie. Dans la gastronomie, on retrouve des grands étalages de charcuterie et autres saucisses. Enfin, les noms des artisans et des commerces sonnent vraiment germaniques. Mais tout le monde parle espagnol, et Anne doit même se remettre à dire « ll » au lieu de « j ».
Puerto Varas et Puerto Montt forment l’entrée à la Patagonie et le début de la fameuse « Route Australe ». Mais avant d’aller dans le grand sud, vendredi 9 octobre, nous prenons le bus pour nous rendre sur la grande île de Chiloe.
Pour aller sur l’île de Chiloe, le bus doit emprunter le bac, il fait beau et nous longeons des plages bordées de massifs de genêts jaunes. Le paysage nous fait maintenant pensé à la Bretagne. Peu après nous arrivons à Ancud, la deuxième grande ville de l’île. J’ai profité du trajet pour discuter avec une étudiante qui revient en famille pour le week end, Constanza.
A Ancud, nous nous rendons à l’adresse que nous avait indiquée Miguel et Elba (les argentins d’El Bolson), mais nous avons une première déconvenue: il n’y a personne malgré l’e-mail que nous avions reçu, nous avons remonté toute la rue avec nos bagages pour rien. Notre deuxième et troisième tentative ne sont pas plus heureuses: un retraité et une dame très âgée sur un fauteuil roulant tiennent des « hospedaje », mais nos enfants ne sont pas des hôtes calmes, nous préférons éviter cette option. Nous nous rabattons donc comme d’habitude sur l’office de tourisme qui nous indique des cabanas à un prix raisonnable, où nous pouvons enfin poser nos bagages. Cela tombe bien, il commence à pleuvoir…
Très vite, nous devons nous rendre à l’évidence: il pleut beaucoup à Chiloé et cela va rendre difficile les balades que nous nous étions promises, d’ailleurs nous n’avons pas loué de voiture. Quant à la pêche au saumon dont nous avait longuement parlé Miguel et Elba, ce n’est pas la saison. Alice est déçue… Au moins, nous profitons de cette pause pour faire un peu plus de devoirs que d’habitude, pour faire les courses, s’occuper du linge et pour avancer dans nos communications internet. Nous renouons aussi avec les supermarchés chiliens: il y a beaucoup plus de fruits et légumes qu’en Argentine, on va pouvoir manger plus équilibré. Nous goûtons aussi aux poissons (congre, merlu) et aux fruits de mer venant directement du port. Nous retrouvons aussi à Ancud les maisons en bois couvertes de tejuelas.
Le samedi, nous visitons le musée régional d’Ancud où l’on peut découvrir non seulement l’histoire de l’île, mais aussi les mythologies locales. On y voit même un squelette d’une baleine bleue qui s’est échouée en 2005 non loin de la ville. Elle mesure 25 mètres de long. C’est impressionnant! Il s’agit tout de même du plus grand mammifère terrestre.
Le soir, au moment du repas, nous entendons des klaxons de voitures venant du centre ville. Il semble que les habitants fêtent quelque chose! Nous branchons la télé, et oui le Chili a battu la Colombie pour les qualifications du Mondial de foot 2010. Et la France, alors? Le dimanche, le temps s’annonce moins mauvais que la veille, d’ailleurs notre poêle à bois s’est éteint dans la nuit. Nous allons donc prendre le bus pour Castro, et visiter un autre coin de l’île, le petit port de Dalcahue. Les maisons sur pilotis, les « palafitos » de Castro, nous déçoivent un peu, c’est la marée basse et il s’est remis à pleuvoir un peu, les photos ne vont pas être terribles…
A Dalcahue, l’église en bois est fermée, nous ne pourrons pas la visiter, et le marché est un marché ordinaire, ni plus ni moins. Un peu déçus, nous rentrons à Ancud en bus, et là nous avons plus de chance: le soleil apparaît, nous permettant de visiter le fort de San Antonio (où les enfants se mettent à jouer avec les canons) et de faire collection de coquillages et d’algues sur une fort jolie plage non loin de là. Ouf, cela fait du bien pour le moral!
Lundi 12 Octobre, nous partons au terminal de bus d’Ancud pour repartir à Puerto Varas, et là oh surprise! Nous avons raté le bus… Nous avons une heure de retard, parceque le Chili a changé d’heure ce week-end, mais nous n’étions pas au courant. Heureusement, cela s’arrange facilement, nous prenons le prochain bus de 15h30. Comme dit Tom: « c’est l’aventure! ».
Le soir nous dormons à l’hostal Compass del Sur à Puerto Varas, où nous retrouvons nos amis, Sophie et Jean-Baptiste, avec qui nous avions fait le Salar d’Uyuni en Bolivie (il y a un mois déjà): une bonne occasion pour déboucher une bouteille de vin chilien.
Demain nous partons dans le grand sud, en Terre de Feu. A nous le Perito Moreno!