Pirinexus et la Catalogne en 6 jours à vélo

Du 17 au 23 octobre 2020, nous avons eu du soleil tous les jours.

Samedi 17 octobre.  Amélie les Bains-Maureillas ( 20 kms). 
Dépôt de la voiture à Amélie les Bains, pour vingt kilomètres « pour se faire les jambes » sur notre premier tronçon de voie verte, avant Maureillas.  Nous dormons à l’Auberge du chêne, le restaurant  familial à côté est tenu par un ancien antiquaire et ne manque pas de charme. En revanche, nous apprenons que tous les restaurants et bars sont fermés pour quinze jours en Catalogne à cause du coronavirus. Or nous n’avons pris ni tente ni réchaud pour nous alléger. Devrons nous renoncer à notre projet si près de la frontière ?
Dimanche 18 octobre. Maureillas-San Pere Pescadore  (76km).
 Finalement, nous décidons de continuer quand même notre périple en Espagne, il faudra juste réserver les hôtels la veille pour être sûrs d’avoir de quoi dormir et dîner. La montée sur l’étroite route qui conduit au col de Panissar est magnifique, avec la vue sur le Canigou. Nous passons au milieu des chênes liège, en nous faisons doubler par de nombreux cyclotouristes.  En haut c’est intéressant de visiter les ruines romaines et le fort de Bellegarde qui surplombe le col. Nous basculons côté espagnol vers la Jonquera, et là, le chemin empierré comme un chemin de randonnée montagneux se fait beaucoup plus abrupt.  Marcellin m’aide à gravir certains passages difficiles avec mon vélo chargé, parce que j’ai des chaussures qui glissent. Je commence à me demander dans quelle galère je me suis embarquée ! Après la Jonquera, nouvelle montée raide sur un chemin en terre, ce sera à pied pour moi. Le paysage change et les champs d’olivier se parsèment de mégalithes, nous cheminons à présent tranquillement sur des chemins agricoles le long  des rangées de pommiers et des vignobles. Les villages sont déserts, quelques rares habitants masqués traversent la rue. Partout visible en revanche sur les routes et les monuments, la boucle jaune du parti indépendantiste catalan.  En cette fin de journée, nous pédalons contre le vent qui s’est levé, et arrivons à Sant Pere Pescadore les pieds mouillés, à cause des nombreuses traversées de routes inondables entre les roseaux.  La mer est agitée, les kytes surfs s’en donnent à cœur joie. Le dîner au Mas del Jonclar est un régal, je me remets avec joie à l’espagnol.
Lundi 19 octobre. San Pere Pescadore-Platja de Aro (71kms) 
Après une nuit incroyablement reposante au Mas del Jonclar, et un solide petit déjeuner, nous voilà repartis vers le sud, avec le vent qui forcit. Les champs de pommiers se succèdent, nous continuons sur les chemins agricoles dont certains sont un peu difficiles à cause des grosses pierres, mais jamais pour très longtemps heureusement.  Peu d’hôtels sont ouverts  à Platja de Aro, nous avons réservé au luxueux St Jorge Park Hotel qui a aussi l’avantage de donner sur le magnifique sentier littoral dont nous profitons en fin d’après-midi.
Mardi 20 octobre. Platja de Aro-Anglès 75 kms
Après un dernier coup d’œil à la mer, nous lui tournons le dos pour remonter vers Gérone (photo ci-dessous) depuis Le Tinglado, le port de Sant Feliu de Guixols. L’avantage, c’est que nous avons désormais le vent derrière nous, il fait toujours aussi bon, plus de vingt degrés. Contrairement aux jours précédents, il s’agit à présent d’une voie verte en bon état, où nous cheminons sans effort jusqu’à Gérone à l’écart des voitures. Après une grimpette pour aller voir l’imposante cathédrale, nous quittons la ville facilement le long des jardins, des nombreux platanes et de la rivière. Notre hôtel à Anglès est simple, mais nous y dînons très bien.
Mercredi 21 octobre : Anglès-Sant Joan de les Abadasses (65kms)
La journée commence par une montée régulière sur 30 kms dans la forêt, le long de ce qui était l’ancienne voie ferrée, nous croisons d’ailleurs des anciennes gares à tous les villages. Nous sommes étonnés par les pierres volcaniques d’Olot en arrivant dans la ville. Nous avons déjà 40 kilomètres dans les pattes quand nous attaquons la route qui va vers le col de Coubet (1010m), il fait chaud et nous suons à grosses gouttes. La redescente dans les couleurs d’automne jusqu’à Sant Joan de les Abadasses nous enchante. Ce village historique a beaucoup de charme, et nous aimons franchir son vieux pont en pierre (voir photo), admirer ses églises romanes et sa cascade à vingt minutes du centre.  Nous dormons dans l’hôtelet, très bien situé, et nous commandons une pizza pour le soir. 
Jeudi 22 octobre : Sant Joan de les Abadasses-Prats del Mollo (49 kms)
Le chemin qui continue après Sant Joan est ardu : après Bastillas, il vaut mieux regagner la route, plutôt que de s’engager sur le GR, absolument pas fait pour des vélos. Heureusement, la suite s’annonce meilleure et la montée de 14 km vers le col d’Arès à partir du joli village de Comprodon (encore un superbe pont en pierre ! voir photo) se fait sans grande difficulté (5% de dénivelé) au milieu des pâturages.  Nous ne nous attardons pas en haut, préférant descendre avant l’arrivée prévue du mauvais temps, il faut se couvrir avant la descente en lacets entre les châtaigniers dorés. Cette redescente est aussi longue que la montée, jusqu’à Prats del Mollo, avec un dénivelé plus important côté français (8%). On est contents de l’avoir fait dans le bon sens ! Nous avons une pensée pour les 100 000 républicains qui ont fui l’Espagne franquiste  en passant par ce même col en plein hiver 1939 lors de la Retirada.  Après avoir visité l’ancienne cité royale de Prats del Mollo et sa citadelle, nous dormons à la chambre d’hôtes Mauro , et dînons dans le délicieux restaurant « le temps des cerises » : il faut impérativement réserver, mais nous passons un très bon moment avec les propriétaires,  Serge et Micheline, grand passionnés de cuisine et de voyages. 
Vendredi 23 octobre Prats del Mollo-Amélie les Bains (20 kms de descente !) 
Retour à la voiture par la route. Déjà ! On aurait bien continué…
Pour plus d’information, le site internet https://www.viesverdes.cat/fr/ est très détaillé. On peut notamment télécharger le tracé GPS au format GPX et aussi le livret de 50 pages donnant toutes les étapes.